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Plus que quelques jours avant que Sony n'annonce au monde les détails concernant sa nouvelle console de salon. Après la parution douce/amère de la Wii U il y a quelques mois, cette conférence du géant nippon placera officiellement les premiers barèmes de puissance technique de la nouvelle génération de consoles. 

Cela fait plus de cinq ans que les mêmes machines font tourner gentiment les dernières sorties vidéo ludiques et pourtant je ressens quelques aversions quant à ce changement censé apporter un vent de fraîcheur et d'évolution à l'industrie. Disons-le franchement : les rumeurs qui courent n'ont rien pour créer un engouement monstre chez le consommateur. Une nouvelle console signifie habituellement puissance, créativité et nouveauté excitante, mais pour l'instant, tout cela se voit totalement dilué dans des histoires d'horreurs quant à une possible absence de rétrocompatibilité, ou pire, l'implémentation de codes uniques venant mettre définitivement en échec le marché de l'occasion et de la location. 

C'est là que Sony (et par extension Microsoft, même si les informations les concernant sont encore moins certaines) se fourvoie totalement, en pensant le jeu vidéo avant tout comme un marché. Les consoles de salon ne sont pas réputées pour être la division la plus rentable d'une entreprise, loin de là, mais avaient jusqu'à très récemment le noble travail de rendre accessible à tous un médium de divertissement unique et mettant en valeur des univers créés de toutes pièces, vivants et de surcroît jouables! L'industrie du jeu vidéo est censée mettre de l'avant le jeu, le plaisir de jouer, l'importance de partager une expérience avec les autres joueurs, cela impliquant une certaine liberté dans le produit consommé. En éliminant toute possibilité de jouer autrement qu'avec un jeu neuf vendu le double de n'importe quelle production cinématographique, la nouvelle génération de consoles pourrait tristement devenir le marché de niche élitiste et coûteux que tend à être celui des PC depuis quelques années. À quoi cela sert-il d'avoir une distinction entre ordinateur et console de salon? Pourquoi encore produire des "consoles" alors que toutes dissociations avec des concurrents originaux comme la Ouya ou la Steambox sont ingratement effacées? 

Je comprends TOTALEMENT la dimension économique d'une telle décision de la part des grands noms de l'industrie du jeu vidéo, mais le consommateur dans tout cela? Nintendo offre encore une complète rétrocompatibilité et ne s'entiche pas de systèmes de codes venant mettre des restrictions à un client ayant déjà déboursé quelques centaines de dollars dans ses produits. Il faut comprendre que les jeux ne sont pas encore faits, que Sony n'a aucunement confirmé ces horripilantes rumeurs et qu'il faudra attendre le 20 février pour en savoir plus.  Bannir l'échange ou la revente de jeux, c'est bannir une clientèle moins fortunée, mais surtout bannir un système de bouches à oreilles et d’interactions vieux comme la Terre et plus efficace que n'importe quel plan publicitaire. Les gens aiment parler du dernier jeu, le prêter à un ami, l'apporter à une soirée, le revendre pour en essayer un autre, le louer pour en assurer l'achat... Tout cela fait partie d'une logique de base de service à la portée du client potentiel. Si le tout devient interdit, les géants de l'industrie réussiront à rendre fâcheusement sérieuse une branche très importante du divertissement technologique. 

Et le piratage? Il est bien réel sur PC, il l'est aussi sur consoles. Quel effet de plus grandes restrictions auront sur le pirate moyen? Sony pense-t-il se mettre à l'abri en envoyant un défi de taille à des gens avides de défis? C'est pour cela que la venue de cette nouvelle génération est pour moi, du moins pour le moment, teintée d'amertume, puisque focalisée sur les nouvelles fonctions limitatives de la console plutôt que sur ses futures prouesses magiques. Oui, j'ai bien dit "magiques". Autrefois, c'était de la magie que ces gars-là vendaient. Aujourd'hui, si toutes les rumeurs se concrétisent, la magie ne sera que très dirigée, possible lorsqu'une personne décidera d’investir  POUR ELLE SEULEMENT dans l'achat d'une console dispendieuse, d'un jeu dispendieux, et prendra le temps de s'immerger dans l'univers ainsi proposé. Je souhaite donc ardemment que Sony ait choisi de mettre sur pied cette conférence de presse justement pour recentrer les conversations mondiales sur les points positifs de cette machine, et, je l'espère encore plus, démentir les pires rumeurs entendues jusqu'à présent ! La balle est dans votre camp, Sony, tâchez de rendre cette nouvelle génération agréable, de prouver que le marché des consoles n’est pas bel et bien devenu qu'un vulgaire marché, donc destiné à mourir puisque le divertissement ne peut fonctionner que dans une certaine liberté : celle de donner au consommateur le plus de moyens possibles d'entretenir son amour inconditionnel pour les œuvres d'art dans lesquelles il a investi son temps, son attention, et sa contribution personnelle, puisque tout jeu est possible avant tout, par la présence du joueur, élément se rendant disponible de son plein gré et ne voulant finalement que jouer, se divertir, se changer les idées, et non pas attendre plus longtemps avant d'acheter un jeu, faute d'argent, ou encore ne pas avoir de moyens simplistes de partager sa passion avec les gens l'entourant.  

À vous de nous surprendre, Sony computer ENTERTAINMENT, je vous souhaite un succès intelligent et respectueux de vos clients fidèles et nombreux (pour l'instant) !





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