Quelle heure est-il?
Comment savoir, comment la voir?
Tout le monde bouille vite
Moi aussi je bouillonne, moi aussi!
J’ai dépensé autant que les autres
Je suis en position de tous mes moyens
Même si je fais toujours tout à l’heure

Je ne veux pas savoir quelle heure est-il
Plutôt quelle heure je suis!
Je suis l’heure, mais l’heure de qui?
Je devrais le savoir par chœur
Écouter toutes les voix, toutes les leurs
Et entendre toujours la même
Celle qui est à moi-même

Toutes les aiguilles tournent
Elles pendulent dans le vite
Rondant toujours, toujours à temps
C’est lui qui dirige, car on le seconde toujours!
On a jamais le temps, on n’est pas minutieux
Alors, comment ne pas avoir l’esprit-mélangeur?
Comment continuer après la mi-temps? 

 
Être ce n’est pas comprendre
La valeur d’une vie
La joie de la prendre
Avant le prochain oubli
Souhaiter de loin quelque souvenir tendre

Il faut se savoir, se pouvoir, se tromper
Pour arriver à destination, ressentir l’été
Saison de grandeur
Buisson de candeur
Où les feuilles sont grandes
Cachant toute peur de novembre


Il faut s’émouvoir
À la vue d’une erreur
Traversant de l’autre côté
Vers la conscience, vers l’existence
Lorsqu’elle tache le plancher
De sa présence souillée
Et qu’elle demande pitance
Pour avoir été ainsi rejetée
Toutes ces secondes à s’y méprendre


Changer de vie, NON
Juste quelques souliers
Juste de quoi mieux marcher
Plus longtemps
Et avec fierté

Être ce n’est pas entendre
La douceur de ma vie
La fois où j’ai balayé les cendres
Mais bien s’aimer
Apporter maintenant quelque présence élégante
À cette puissance unique
Qui sait si bien me regarder
Et qui là, maintenant
Ne veut de moi que le meilleur que je puisse donner
Rien de plus

J’y vais, j’y suis
À l’intérieur de moi
Prêt pour la vie
Joyeusement entraîné
À combler cette fois
Celle qui calme mes nuits

 

Souvenir, repentir, exister
Passer son temps à étudier l’avenir
À venir les douleurs du passé
Piocher plus creux pour démystifier

Volages et paysages souffrants
Créations sublimes, allié obnubilant
Pourquoi croire en des douleurs superbes?
Endurer mille arrière-goûts acerbes…

Une histoire, oui bien sûr
La mémoire perdure
Les citations s’accumulent
Le prochain chapitre, à l’avance se formule

Rester crispé tous les vides instants
Se blesser de scénarios inexistants
Toujours surpris de l’étrange tournure
Un peu étourdi à la vue du sang

Cercle qui ne tourne jamais assez vite
Couvercle qui se referme tout de suite
Contenu enfermé, sous pression
Vouloir se libérer, imminente explosion
Double sens unique, place à la panique


Le bruit du carillon, résonnant pour une fois
Une seule fois, ondes statiques
Vaines illusions, soudaine imagination
Se regarder dans une glace avec effroi
Pour ne même pas savoir qui a raison